Le Tahiti Traveler

Les marae, concentré d’histoire(s) polynésienne(s)

De peuplement relativement récent, la Polynésie française regorge toutefois de trésors archéologiques, vestiges du temps des chefferies et des rythes religieux ancestraux. Ce mois-ci, le dossier de candidature à l’inscription du Marae de « Taputapuatea » (Raiatea) au patromoine mondial de l’Unesco doit être déposé. S’il était retenu, cela constituerait une vraie reconnaissance internationale pour cet autre attrait de la Polynésie, souvent méconnu. E-Tahiti Travel vous propose un petit tour d’horizon de ces hauts-lieux culturels. Bienvenue dans la Polynésie des marae, temples des civilisations polynésiennes.

Les marae, témoins des premiers tahitiens

L’histoire des civilisations océaniennes s’est écrite tardivement, grâce au géographe Malte-Brun, début 19ème, puis à Dumont d’Urville et à quelques archéologues qui ont tenté de reconstruire le puzzle océanien, plaçant au fur et à mesure de leurs recherches la Polynésie au centre d’un triangle formé par Hawaii, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques. Aujourd’hui, cette histoire relativement récente – le peuplement de la Polynésie remonterait à 600 ou 800 après JC – se lit notamment à travers les vestiges hérités du temps des chefferies et des cérémonies polythéistes. De ces vestiges ancestraux, demeurent les « marae », ces esplanades de pierres dans lesquelles on peut lire et sentir les origines de la Polynésie.

C’est quoi un marae ?

Lieu du pouvoir divin et temporel, le marae était débord le symbole de l’importance de la chefferie qu’il matérialisait. Les édifices, vastes terrasses mêlant dalles de basalte et de corail grossièrement taillées, étaient surplombées par un « ahu », qui formait une petite pyramide à étage réservée au prêtre, le « tahu’a », et au chef, « ari’i ». On trouvait également des « unu », sculptures de bois aux formes géométriques qui représentaient des hommes ou des animaux. Les unu symbolisaient les familles à qui appartenaient le marae.

Le marae était aussi l’endroit où les Polynésiens réalisaient les sacrifices qui devaient leur attirer les faveurs de leurs dieux et leur donner le « mana », force divine responsable de la santé, de l’équilibre, de la fertilité. Impressionné par la taille des marae que l’on peut observer dans les îles de la Société, le visiteur sera surtout frappé de découvrir que le sacrifice humain était pratiqué ici durant la période pré-européenne…

Les îles de la Société en marae

On peut classer les marae en fonction de leur importance : internationale, nationale, ou locale.

Raiatea, dans les Îles-sous-le-Vent, est surnommée « l’île sacrée ». C’est en effet ici que le trouve le marae le plus important de tout l’archipel de la Société. On pense même qu’il y a 1000 ans, Taputapuatea était LE centre spirituel de toute la Polynésie orientale (îles de la Société, Tuamotu, îles Cook, voire Nouvelle-Zélande et Hawaii). C’est également ici qu’était célébré le Dieu Oro, dieu de la guerre et de la fertilité, le plus puissant du panthéon polynésien…

Le « marae national » est le marae le plus important d’une île, l’expression du pouvoir et des liens de solidarité tissés autour de l’ari’i nui, sorte de chef culturel et cérémoniel d’une île. Les gens du commun ne pouvaient l’apercevoir que le jour de son inauguration, après ils ne devaient plus jamais y revenir. En effet, la population, non-initiée, ne peut regarder un dieu sans en mourir…

Le marae de district, dit marae mataeina’a, revêtait la même forme que les marae nationaux mais en plus petit format. À ce marae étaient attachés les titres et généalogies des familles de chefs du pays. On y célébrait les événements liés au ari’i et à sa famille.

L’archipel de la Société en 13 marae

Tahiti

Moorea

Huahine

Raiatea

Maupiti

Crédit photo : Grégory Boissy, Philippe Bacchet