La flûte nasale polynésienne
Le vivo, instrument à vent, est une flûte nasale taillée directement dans une section de bambou (appelé ofe en maori). Elle comporte souvent 3 trous permettant de varier les notes de musique et les mélodies. Nous ne connaissons pas exactement la date de son apparition mais le vivo faisait déjà partie des objets ramenés dans les cales des bateaux d’explorateurs qu’étaient Cook et Bougainville.
Dans le passé, avant la colonisation de la Polynésie, le vivo était taillé directement dans de l’os humain, généralement celui des ennemis vaincus lors des batailles entre tribus. Aujourd’hui, l’os a été remplacé par un morceau de bambou soigneusement choisi dans un endroit sec et ventilé qui fournira un matériau de base résistant pour la flûte. Les anciens fabriquaient le vivo à l’aide de coquillages tranchants avec lesquels ils découpaient le bambou. Ils utilisaient également une branche chauffée d’aito (arbre de fer) pour trouer le bois aux emplacements désirés.
Autrefois, la flûte nasale permettait à une personne de dévoiler son amour à l’être aimé, telle une sérénade jouée au bas d’une fenêtre. L’instrument pouvait ainsi soutenir l’homme dans ses démarches de séduction mais aussi lors de ses tentatives d’incantation et de lancement de sorts. En effet à l’époque, on attribuait des pouvoirs magiques à la flûte et notamment à l’air qui était expiré par les narines : cet air mystérieux semblait envoûtant. C’est pour cette fonction mystique que le vivo a longtemps fait partie des cérémonies sacrées dans lesquelles il servait à invoquer les dieux et les esprits. Outre cet aspect spirituel, le son mélodieux de la flûte vivo guide encore parfaitement les danseurs, les chanteurs et les orero (orateurs polynésiens) lors des manifestations culturelles et musicales organisées en Polynésie.
Au premier abord, la pratique de cet instrument semble simple. Il suffit d’insuffler par une narine dans le trou situé à la tête de la flûte, le tout en se bouchant l’autre narine. C’est dans la gestion du souffle que cela se complique. Comme avec une flûte traditionnelle, il faudra boucher successivement les trous de la flûte avec le reste de vos doigts pour jouer les différentes notes possibles du vivo. Il faut savoir que la position des doigts sur les trous diffère selon les archipels de Polynésie (Marquises, Australes, Tahiti …). Le son joué dépendra de deux facteurs : la façon de souffler dans l’instrument et la longueur de celui-ci. Une flûte courte favorisera les sons aigus tandis qu’une flûte plus longue permettra de jouer une note assez basse. La longueur d’un vivo varie entre 20 et 40 cm.
Les vivo sont très souvent ornés de magnifiques sculptures : ils deviennent ainsi de véritables objets d’art réalisés avec dextérité et précision par les artisans. Vous pourrez vous procurer votre vivo en visitant les divers marchés d’artisanat qui ont lieu à Tahiti et dans les îles. Le son de cet instrument mystique vous fera voyager en toutes circonstances.
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