Un rythme enivrant
Instrument à percussion polynésien, le pahu peut être apparenté au djembé africain. Ce tambour sur pied est un objet ancestral primordial dans un orchestre polynésien digne de ce nom. En effet, il produit la base sonore de l’orchestre, un rythme qui guide les autres musiciens de la troupe. Cet instrument imposant atteint en moyenne 60cm de haut et 30 cm de diamètre, mais ces mensurations varient beaucoup d’un modèle à l’autre offrant ainsi toute une palette de sonorités plus ou moins graves. Le pahu le plus impressionnant jamais retrouvé mesure 2,45 mètres avec une circonférence de 45cm. Il est actuellement exposé au musée de Grenoble.
Le pahu est creusé directement dans le tronc d’un arbre, essentiellement le cocotier ou le tamanu. Une fois creusé, l’instrument est recouvert d’une membrane, souvent la peau d’un requin ou d’une chèvre, tendue par des cordelettes qui sont rattachées à la base du tambour. Ces cordelettes ont remplacé les tresses de fibres de bourre de coco utilisées autrefois. Très esthétique, le pahu est généralement recouvert de motifs sculptés qui lui confèrent un aspect mystique.
Disposé sur un piédestal à la verticale, le contraignant tambour oblige son musicien à jouer debout, ce qui peut s’avérer éreintant après des heures de représentation. Comme avec un traditionnel djembé, on joue avec le plat de la main. Le musicien frappera ainsi plus ou moins au centre ou aux extrémités de la peau selon les tonalités qu’il désire jouer. Le pahu produit un son percutant et puissant qui traverse littéralement le corps de ses auditeurs et ferait presque trembler le sol sous vos pieds. Il donne naissance à un rythme enivrant qui vous imprègne, comme si votre cœur s’accordait soudainement au tempo de l’instrument. En écoutant la force de cet instrument et sa résonance, on comprend aisément que celui-ci ait pu servir par le passé à encourager les guerriers polynésiens lors des grandes batailles qu’ils ont livrées.
Le pahu a joué un rôle prédominant particulièrement dans la culture marquisienne. Effectivement, le pahu marquisien avait un rôle social. C’était un objet sacré uniquement détenu par les tribus les plus puissantes. Ce symbole de l’identité marquisienne rythmait le quotidien de ce peuple. Chaque évènement était associé à un pahu spécifique, se faisant parfois plus grand, plus petit ou plus étroit selon les occasions (mariage, culte religieux, sacrifice…).
Aujourd’hui, le pahu reste très utilisé dans de nombreuses manifestations culturelles de Polynésie. Il accompagne de façon spirituelle les cérémonies sacrées autour des marae, il rythme les soirées de fêtes ou encore donne la cadence aux danseurs lors de spectacles tels que le Heiva (le plus célèbre concours de danse traditionnelle polynésienne). Il résonne pour annoncer le début de l’évènement et appeler au rassemblement des convives. Ainsi, lorsque vous entendrez le grondement puissant de cet instrument, ce sera une invitation à la fête et aux célébrations, mais n’oubliez pas que cette même mélodie résonnait jadis sur des champs de bataille.