Mes débuts d’équilibriste
Aujourd’hui, je m’essaye au va’a polynésien. Ce sport traditionnel tahitien est véritablement le sport national ici. A l’instar du surf, c’est un sport populaire qui compte de nombreux adeptes aussi bien en Polynésie que dans le monde. Pratiqué seul sur un « va’a hoe » ou en équipe sur des pirogues de plusieurs places, le va’a allie puissance, endurance et technique.
Arrivé en matinée sur la plage, j’ai pu me procurer une pirogue d’une place avec sa rame en bois.
Prêt pour l’aventure, j’embarque. Je m’installe sur la petite planche de bois rembourrée d’un peu de mousse qui sert de siège. Le balancier côté gauche appelé également « Ama » en tahitien donne l’équilibre à l’embarcation. Je me lance en ramant une première fois à gauche. Le geste de base n’est pas bien compliqué : je plante ma rame à la verticale dans l’eau puis la tire vers l’arrière, sollicitant essentiellement le dos et les bras. Je me perfectionnerai avec le temps.
Très légère à la différence d’un kayak, l’embarcation commence déjà à glisser sur l’eau calme du lagon. Il y a une agréable sensation de glisse et dans l’engouement, j’accélère. Au moment de ramer de l’autre côté pour redresser ma trajectoire, je sens brusquement le balancier s’élever dans les airs, mon corps basculer progressivement et je réalise impuissant que je viens de chavirer. Un peu honteux et trempé de la tête aux pieds, je retourne la pirogue qui se remplit d’eau. Un léger fou rire au bord des lèvres, je vide l’eau de la pirogue et me remettre en « selle ». Cette chute sera ma première leçon : le va’a a un équilibre éphémère.
Maintenant mis en garde, je continue mon excursion. Sur le lagon, je choisis librement mon trajet décidant alors de longer, à distance raisonnable, la barrière de corail. J’observe les coraux qui défilent sous la pirogue à travers une eau translucide. Je reste concentré sur mon geste tout en profitant du spectacle coloré sous mes pieds.
On ressent une véritable liberté sur la pirogue. Le lagon est calme et silencieux. Je n’entends que ma rame entrer en contact avec l’eau. C’est un moment d’apaisement où la mer vous encercle complétement. Toujours concentré sur le mouvement j’aperçois subitement une ombre bouger sous l’embarcation et disparaître un peu plus loin. C’est un petit requin pointe noire venu m’encourager dans ma traversée.
Après une petite heure de navigation, je sens mon corps se fatiguer. Il est temps de rentrer. Sur le chemin du retour, je pense alors au courage des champions qui pendant des compétitions telles que l’Hawaiki Nui Va’a rament pendant de longues heures en plein océan !
Cette expérience enrichissante et rafraichissante se termine. Légèrement éreinté mais apaisé, je comprends pourquoi de nombreuses personnes pratiquent ce sport qui offre une belle proximité avec la mer et une véritable coupure avec le temps.